Étape 9 : Utilisation

Les évaluations ne sont utiles que si elles sont utilisées. C’est pourquoi la préparation et l’encouragement systématiques de l’utilisation font tout autant partie de la neuvième étape du processus d’évaluation que l’utilisation effective de l’évaluation elle-même.

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Pendant longtemps, on a considéré que l’utilisation d’une évaluation signifiait exclusivement l’utilisation de ses résultats, c’est-à-dire de ce qui est postérieur au reporting (final). Il est maintenant largement reconnu que le processus d’évaluation lui-même peut déjà fournir beaucoup d’indications utiles pour l’objet de l’évaluation. On entend par bénéfices du processus que la seule participation au processus d’évaluation – que ce soit en tant que mandant, responsable ou fournisseur de données – peut déjà conduire à des changements (souhaités) dans la pensée et l’action individuelles ou à un apprentissage réflexif. Cela se produit lorsqu’on s’occupe intensivement des objectifs et aussi des résultats indésirables de l’objet de l’évaluation, qu’on s’intéresse aux attentes des autres parties prenantes et qu’on entre éventuellement en contact avec elles. Ces utilisations peuvent avoir un impact sur les unités organisationnelles responsables de l’objet de l’évaluation ou sur son contexte politique ou social – même si l’évaluation est toujours en cours.

On peut également distinguer différents types d’utilisation : l’utilisation instrumentale désigne l’exploitation de l’évaluation et de ses résultats par les parties prenantes concernées, en particulier en vue d’améliorations et de décisions de principe. Par utilisation conceptionnelle, on entend l’intégration ou le traitement des résultats de l’évaluation, par exemple en tant que conclusions de la communauté scientifique ou en tant que suggestions de la profession jusqu’à l’opinion publique.

On parle d’utilisations indésirables lorsque des décisions prises avant l’évaluation mais encore non divulguées sont ensuite justifiées par les résultats, ou lorsque l’évaluation est effectuée uniquement pour la forme.

L’utilisation de l’évaluation et de ses résultats varie en intensité et est traitée différemment par les différents publics d’évaluation. Parmi les facteurs importants qui favorisent l’utilisation, on peut citer

  • la diffusion et l’utilisation des résultats déjà prévues dans la planification ;
  • l’implication précoce des parties prenantes concernées dans le processus de planification, afin qu’elles soient plus disposées à utiliser les résultats ;
  • la transparence dans l’exploitation des résultats et une relation de confiance entre les évaluateurs et les parties prenantes ;
  • la mise à disposition rapide et opportune des résultats ;
  • une préparation minutieuse, en particulier lorsqu’il s’agit de rendre des comptes ou de prendre une décision de principe, afin de s’assurer le cas échéant que les résultats « indésirables » de l’évaluation seront néanmoins utilisés.

Un défi pour l’utilisation souhaitée peut être une fluctuation parmi les parties prenantes importantes, qui peut être contrebalancée par des accords en matière de remplacements.

On peut également assister à mauvaises formes d’utilisation. Cela inclut l’exploitation abusive des résultats, ou leur non-utilisation volontaire et involontaire. De telles mauvaises formes d’utilisation peuvent survenir aussi bien chez les évaluateurs que chez les parties prenantes, en particulier dans les évaluations présentant des risques élevés pour les parties prenantes, par exemple lorsque des décisions de principe doivent être prises. Pour y remédier, il est utile de déterminer suffisamment tôt les modalités de traitement des résultats ainsi que le mode de prise de décision. Si un abus se produit néanmoins, la transparence doit être établie concernant les exploitations inacceptables sur le plan professionnel et éthique.

Enfin, l’utilisation doit être explicitement documentée en consignant quels rapports ont été envoyés à qui, où ils ont été discutés, quels échanges ont eu lieu au sujet des résultats et quelles conséquences en ont été tirées.

L’influence des évaluations peut être distinguée en trois dimensions différentes : une évaluation peut (1) avoir des influences intentionnelles ou non intentionnelles, l’influence peut (2) être basée sur les résultats ou le processus d’évaluation, et (3) elle peut se produire pendant ou directement après l’évaluation, ainsi que plus longtemps après la fin de l’évaluation.

Il ne suffit pas de présenter et de communiquer l’information, il faut aussi réfléchir à la manière de garantir que cette information soit utilisée. Cela nécessite des activités de suivi, p. ex. des campagnes d’information pour les consommateurs. Il faut que les résultats puissent être utilisés. Les commerçants réduisent p. ex. le prix de vente ou retirent la pomme de leur assortiment ; le producteur apporte des changements dans la culture des fruits et peut alors se tourner avec satisfaction vers sa nouvelle variété de pommes, comme le montre l’image.