L’évolution des conceptions des enseignant-e-s durant leur formation
La notion de « professionnalisation du corps enseignant », qui vise à assurer une certaine qualité de l’enseignement, est une préoccupation actuelle des sciences de l’éducation et des responsables politiques de l’éducation. Cette professionnalisation passe en particulier par un développement conscient et ciblé des croyances – relatives par exemple à la pédagogie – et connaissances des enseignant-e-s lors de leur formation initiale (nous désignons l’ensemble des croyances et connaissances par le terme « conceptions »). Ainsi, la recherche empirique se penche de plus en plus sur la thématique de la pensée des enseignant-e-s. Un certain nombre de questions sont toutefois actuellement en débat.
Ce projet est financé par le Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique (N°100019_146351)
En effet, les résultats de recherche indiquent que les formations à l’enseignement n’ont que des effets limités sur les conceptions des enseignant-e-s. Ceci est dû à de multiples facteurs tels que les idées bien ancrées sur l’enseignement forgées durant la scolarité. Toutefois, étant donné le mélange de multiples types de conceptions et théories sous-jacent à cette conclusion, il est important d’éclaircir dans quelle mesure divers types de conceptions évoluent et de distinguer de manière plus fine les conditions de ces changements et de la résistance à ces derniers.
Par conséquent, l’objectif du présent projet est d’analyser la façon dont les conceptions des enseignant-e-s de la formation professionnelle et du secondaire général évoluent durant leur formation pédagogique. De plus, le projet aspire à comprendre les facteurs de promotion ou de frein au changement de conceptions. Le projet traite ces questions dans le cadre de deux activités fondamentales du métier d’enseignant-e : la planification des cours et la gestion de la classe. De plus, deux populations d’enseignant-e-s en formation sont concernées par le projet, soit les enseignant-e-s du secondaire général (dont la formation précède l’exercice de la profession) et les enseignant-e-s de la formation professionnelle (qui suivent une formation pédagogique pendant l’exercice du métier d’enseignant), ce qui permet d’évaluer le degré de généralité ou d’éventuelles différences entre les deux populations.
Le projet visera à répondre en particulier aux questions suivantes :
- Quelle est la nature des conceptions des enseignant-e-s de la formation professionnelle à l’entrée en formation?
- Comment ces conceptions évoluent-elles ?
- Existe-t-il des différences selon l’âge, la formation, l’expérience professionnelle, le type de classes ou entre types de formation (avant vs pendant l’exercice de la profession) ?
- Quelle cohérence existe-t-il entre les conceptions et les pratiques d’enseignement ? Quelles sont les facteurs responsables du degré de cohérence ?
- Comment la formation initiale peut-elle influencer les conceptions des enseignant-e-s de la formation professionnelle ?
Afin de répondre à ces questions, une recherche combinant diverses méthodes de collecte et d’analyse des données (qualitatives et quantitatives) est prévue en deux phases. La première phase consiste en la réalisation d’une étude longitudinale par questionnaire afin d’inférer des profils d’évolution des conceptions des enseignants de l’entrée en formation à l’achèvement de celle-ci. Dans la seconde phase, des entrevues seront menées auprès d’enseignants sélectionnés sur la base de leurs réponses aux questionnaires ; ceci permettra de comprendre les facteurs de promotion et les obstacles à la modification de leur bagage cognitif. Cette étude apportera des informations scientifiquement fondées qui nourriront l’état des connaissances sur les processus de pensée des enseignants et permettront d’optimiser les formations à l’enseignement ainsi que de favoriser l’implémentation d’innovations pédagogiques.