La durabilité ne doit pas se limiter à l‘enseignement 

Madame Buser, quel est le rapport entre durabilité et formation professionnelle ?
Toutes les deux sont tournées vers l'avenir et veulent construire quelque chose qui tienne sur le long terme. Dans la formation professionnelle, la question se pose de savoir à quoi ressemblera l'avenir et de quelles compétences nous aurons besoin. Il est clair que des métiers durables ne pourront voir le jour que si nous développons dès aujourd'hui des compétences fortes dans ce domaine.  

En tant que coprésidente d'Impact Hub Suisse et membre du comité directeur de Circular Economy Switzerland, vous vous êtes spécialisée dans le thème de l'économie circulaire. Quel est le rôle de celle-ci par rapport à la formation professionnelle ?
Selon de nombreuses prévisions, l'économie circulaire va créer beaucoup de nouveaux emplois. Par exemple dans le domaine de l'artisanat, où les services de réparation pourraient augmenter. Nous avons besoin de personnes qui savent comment réparer un appareil ou recycler correctement des matériaux. 

Et quelles exigences l'économie circulaire pose-t-elle à la formation professionnelle ?
Pour moi, le plus grand défi est de sortir des schémas de pensée habituels et de penser de manière multidimensionnelle. Aujourd'hui, nous produisons un produit, nous le vendons, nous l'utilisons quelques fois et nous le jetons ensuite. Dans l'économie circulaire, le cycle de vie du produit est présent à notre esprit du début à la fin. Cette façon de penser est suivie d'actions. Dans le monde de la formation professionnelle également.  

Pouvez-vous partager un exemple pratique dans lequel l'économie circulaire fonctionne déjà ?
Je connais de très nombreuses entreprises qui ont déjà solidement ancré l'état d'esprit de l'économie circulaire dans leur culture d'entreprise. Par exemple, une menuiserie qui n'utilise que du bois usagé pour ses produits. Ou des magasins en vrac où la clientèle apporte elle-même son emballage. Chaque année, de plus en plus d'entreprises et d'idées de ce type émergent. 

Où la formation professionnelle doit-elle encore s'améliorer en matière de durabilité ? 
Ce qui me frappe dans les ateliers de durabilité avec les personnes en formation, c'est que beaucoup sont très motivé-e-s et ont de bonnes idées. Il est important que les entreprises formatrices soient ouvertes aux idées de ces jeunes et réfléchissent à la manière dont elles veulent les intégrer dans l'entreprise. Car la durabilité ne doit pas se limiter à l'enseignement.  

Avez-vous des conseils à donner aux formateurs et formatrices sur la manière d'intégrer l'économie circulaire dans leur travail ?
Il existe de nombreux exemples qui montrent que dans toutes les branches de petits changements peuvent induire de grands effets. Les exemples pratiques doivent être accompagnés de discussions et de méthodes participatives. Les personnes en formation, les écoles professionnelles et les entreprises formatrices doivent décider conjointement comment et par quoi commencer. Au départ, je recommande d'essayer déjà quelque chose, sans prétendre à la perfection. 

Lors de la journée de la HEFP, vous parlerez de « l'économie comme moteur de la durabilité ». De quoi les visiteurs et les visiteuses peuvent se réjouir ?
Mon objectif est d'éveiller leur curiosité et de ne pas leur dicter leur conduite. Je leur montrerai tout ce qu’il est possible de faire en fournissant également de nombreux exemples pratiques passionnants pour les inspirer. Je dois juste veiller à ne pas manquer de temps, car l'économie est déjà un puissant moteur pour la durabilité.